Une équipe interdite de filmer à l’ONU : les précisions de Caroline Fourest

Nous étions venus filmer les débats du mercredi et du jeudi de la session intergouvernementale préparant la conférence de suivie de Durban. L’équipe, un caméraman et moi-même, travaillons pour la maison de production Doc en stock en vue d’une soirée spéciale prévue sur ARTE sur le thème des droits de l’homme.

Le jeudi matin, alors que nous avions à peine filmé la veille, un représentant de la session est venu nous faire savoir que plusieurs délégués n’appréciaient pas d’être filmés, bien qu’il s’agisse d’une réunion publique et officielle. Nous nous sommes engagés à être le plus discret possible et à ne pas bouger dans les travées. Ce que nous avons scrupuleusement respecté.

Vers 16h, pourtant, alors que les débats devenaient plus tendus au sujet de la liberté d’expression, de la « diffamation des religions » et que la discussion sur l' »holocauste » approchait, le président de séance nous a ordonné d’arrêter le tournage à la demande de « plusieurs pays » et de « plusieurs groupes ». Le délégué du Nigeria et le groupe africain semblent en avoir fait la demande, mais nous attendons toujours la liste précise des pays ayant fait cette requête.

La délégation du Pakistan (qui préside en ce moment le groupe de l’Organisation de la Conférence islamique) dit ne pas être associée à cette démarche. Sa déléguée nous a même volontiers accordé une interview. Ce qui ne veut pas dire que d’autres pays de l’OCI ne soient à l’origine de cette demande avec les pays africains, comme semble l’indiquer une source diplomatique.

Plusieurs délégations, dont celle de la République Tchèque pour l’Union européenne, ont demandé des explications. Le président de séance s’est entretenu avec des membres de l’ONU lors d’une réunion de crise à la fin de la séance. Le lendemain, il présentait ses excuses pour l’incident et nous étions de nouveau autorisés à filmer… Mais la fin de séance que nous étions venus tourner était bel et bien passée. Sûrs de notre bon droit et de notre accréditation, nous avons toutefois laissé tourner le plus longtemps possible et donc pu enregistrer une large part des débats au cœur des enjeux.

Le film sera diffusé dans le cadre d’une soirée “Thema” consacrée aux droits de l’homme le 21 avril.