Tariq Ramadan déforme ses propres citations…

9782828907846Tariq Ramadan prétend que j’ai déformé ses propos sur l’homosexualité en vue de lui donner un sens opposé à ses idées. C’est totalement faux.

En lisant l’intégralité du passage en question, vous rendrez compte que, loin de désapprouver la position des fondamentalistes homophobes, Ramadan se contente de ne pas approuver le fait que l’on aille jusqu’à traiter les homosexuels de « malades »… tout en considérant l’homosexualité comme un déséquilibre à combattre.

Ce qui explique pourquoi j’ai cité le passage concernant le « déséquilibre », auquel il adhère, et non la partie à laquelle il n’adhère pas : celle traitant les homosexuels de « malades ». Par honnêteté intellectuelle…

J’ajoute que toutes les autres prises de positions, longuement analysées dans mon livre, vont dans le sens de l’interdiction des mariages mixtes (entre une musulmane et un non musulman), de la sodomie, des relations sexuelles avant le mariage, ou même contre le fait de se baigner dans une piscine mixte…

Extrait complet de Peut-on vivre avec l’islam ?, Tariq Ramadan en entretien avec Jacques Neirynck, Lausanne, Favre, 2004, 1re éd. 1999, p. 152.

Tariq Ramadan : « L’homosexualité n’est pas permise en islam et sa légalisation publique, comme on le revendique en Europe, ne peut être envisagée ni sur le plan de la reconnaissance sociale, ni sur le plan du mariage, ni sous une autre forme. Il y a là une limite quant à l’expression de la norme qui s’applique à l’espace social et public.
 Le débat sur l’homosexualité est complexe et il met en présence en tous cas deux conceptions de l’homme : pour l’islam, l’homosexualité n’est pas naturelle et elle sort de la voie et des normes de réalisation des êtres humains devant Dieu. Ce comportement révèle une perturbation, un dysfonctionnement, un déséquilibre. Il ne s’agit pas de développer un discours de rejet, de condamnation, de « ces malades » qui nous entourent. Certains musulmans, savants ou moins savants, parlent de la sorte, et je ne m’associe pas à ce discours.
Aujourd’hui c’est une analyse et une réflexion en amont qu’il faut développer : la limite, je l’ai dit, est claire quand à l’interdiction mais l’accompagnement doit tenir compte de la société, de l’environnement, de l’histoire personnelle des êtres. Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais d’accompagner, d’orienter, réformer pour accéder à l’équilibre de la spiritualité, de l’intimité et de la vie du corps. »

Question : comment ré-orienter un homosexuel ? En le persuadant de changer de sexualité au nom de la religion…. Mon livre explique, en détails, grâce à d’autres extraits de ses discours, en quoi Tariq Ramadan tient sur l’homosexualité le même discours que le pape : ne pas condamner « les pécheurs, mais le péché ». Il opte pour la même approche que les groupes extrémistes chrétiens américains, qui souhaitent changer les homosexuels en hétérosexuels.

Plus grave, malgré cette tolérance de façade, Tariq Ramadan — qui n’est pas théologien — enseigne à ses partisans de se référer au Cheikh Qaradhawi, la référence théologique des Frères musulmans.

Or que dit ce cheikh sur l’homosexualité ? « Les savants en jurisprudence ne furent pas d’accord sur le châtiment que l’on doit infliger à l’auteur de cette immoralité. Est-ce que les deux partenaires reçoivent le châtiment du fornicateur ? Est-ce que l’on tue l’actif et le passif ? Par quel moyen les tuer ? Est-ce avec un sabre ou le feu, ou en les jetant du haut d’un mur ? Cette sévérité qui semblerait inhumaine n’est qu’un moyen pour épurer la société islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu’à la perte de l’humanité ». (Youssef al-Qaradhawi, Le Licite et l’illicite, op.cit., p. 175.)

Caroline Fourest

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