Notre économiste du jour, Esther Duflo, est d’autant plus rare qu’elle est très demandée. Née en France , elle enseigne à Cambridge, au MIT, où elle occupe une chaire d’économie et de développement. Elle travaille surtout en ré seau avec d’autres chercheurs au sein d’un Laboratoire d’Action visant à réduire la pauvreté, et même à « Repenser la pauvreté ». C’est le titre de l’un de ses derniers livres, co-signé avec l’économiste indien, Abhijit Banerjee. Des idées simples, qui viennent du terrain, mais qui ont l’oreille des puissants. Car Esther Duflo fait partie de ces Français reconnus outre-atlantique et pas seulement. En 2010, elle a reçu la médaille John Bats Clark, que l’on dit être un préambule au Prix Nobel d’économie. L’année suivante, le magazine américain Time l’a classé parmi les personnalités les plus influentes au monde. Depuis, elle a intégré le comité pour le développement mondial chargé ni plus ni moins de conseiller le président des Etats-Unis, Barak Obama. Mais au fait, est-ce si facile de changer le monde, même quand tout le monde vous écoute ? Réponse dans un instant.
Bonjour,
Je suis un auditeur assez assidu de France Inter. La radio m’accompagne dans mes déplacements, au bureau, chez moi et c’est la première fois que je réagi à ce point à une émission. Je viens d’écouter votre entretien avec Esther Duflo, jeune femme chercheuse, soucieuse de la pauvreté . Pauvreté qui si j’ai bien compris, régresse dans le monde. (réponse à votre dernière question). Est-ce de la naîveté, du cynisme ou autre chose encore de moins avouable ? Mme Duflo a découvert que les pauvres n’ont pas de » filet de sécurité » comme les riches, et » qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur … » Faut-il passer par le MIT pour comprendre ça ? D’autres lectures auraient pu le lui apprendre.
Esther Duflo ou vous-même, avez-vous lu les ouvrages de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie ou même de Thomas Pikety ( pas vraiment des gauchistes, on pourrait en citer d’autres ) qui expliquent comment et pourquoi depuis 20 ans les inégalités et la pauvreté augmentent dans le monde. Les écarts se creusent sous l’effet d’un modéle économique écrasant et dévastateur.
A aucun moment au cours de l’entretien vous n’avez évoqué ce contexte qui fabrique de la pauvreté à tout de bras. Même au USA. N’était-ce pas votre rôle de prendre un peu de distance avec cette approche, qui fait des « pauvres » des sortes de souris de laboratoire. Comment inciter un » pauvre » à utiliser une moustiquaire, sur quel réflexe agir ? Vaste question !
Un bon milliardaire saoudien finance, Esther Duflo envisage de convaincre les plus pauvres de la vaccination contre un kilo de lentille et il me semble avoir entendu que » la puissance de l’argent peut combattre la pauvreté. » Ouf.
Revenons – nous ainsi, au temps des bonnes dames charitables qui faisaient le bien le dimanche à la sortie de la messe ? Je suis surpris de ce discours sur France Inter. Esther Duflo à l’entendre ne me parait pas changer le monde, elle nous renvoie dans un monde ancien, celui des riches, vraiment riches qui en distribuant quelques piecettes et assiettes de lentilles pensaient faire le bien.
Cordialement
D.L